J'ai lu ce livre dans le cadre du challenge Un genre par mois. En effet, pour le mois de novembre, il fallait lire un classique ou une pièce de théâtre : j'ai réuni les deux avec cette lecture. J'ai également ainsi lu un livre pour le challenge Un classique par mois.
Quatrième de couverture
On trouvera dans cet ouvrage une nouvelle traduction de deux Médée : le chef-d’œuvre d'Euripide et la tragédie méconnue de Sénèque, écrite cinq siècles plus tard.
Les deux auteurs montrent ce que peut devenir une femme, dans la sombre violence des sentiment, la patience rusée, l'élan de générosité et la force destructrice.
Mon avis
Ce n'est pas la première fois que je lis une pièce du nom de Médée. En effet, pour l'agrégation (que j'avais passée en touriste, je l'avoue, étant donné que j'étais surtout pressée d'avoir le CAPES pour être à l'abri financièrement ^^'), j'ai lu la Médée de Corneille. Je n'en avais pas gardé un souvenir impérissable : disons que j'avais gardé en mémoire l'histoire, mais pas le style de Corneille. Il faut dire que j'ai beaucoup "bouffé" du livre, cette année-là, et ce n'est pas vraiment le mieux pour apprécier une œuvre.
Je me souviens qu'on avait parlé en cours de la version de Sénèque, car c'est de celle-ci que Corneille s'était le plus inspiré. Par contre, la version d'Euripide était vraiment une découverte pour moi. J'ai beaucoup apprécié cette découverte. Médée y est plus "humaine" que dans les versions de Corneille et de Sénèque. Elle inspire à la fois de la terreur et de la pitié : elle n'est pas que colère, mais verse aussi des larmes de tristesse et de désespoir. Il est notable, d'ailleurs, que c'est la nourrice et ses plaintes angoissées qui ouvrent la pièce, alors que dans celle de Sénèque, c'est la colère de Médée qui nous accueille.
Dès le prologue de la pièce d'Euripide, le destin est scellé, il n'y a aucun suspens, c'est vraiment une pure tragédie dans tous les sens du terme. En effet, la nourrice nous dit d'emblée : "Elle abhorre ses enfants et ne se réjouit plus de les voir. Je crains qu'elle n'ait un funeste projet, car son âme est violente, et elle ne supportera pas cet affront." Dans la pièce de Sénèque au contraire, même si Médée parle déjà de vengeance, l'idée du meurtre de ses enfants ne se dessinera pas tout de suite : il faudra attendre que Médée se rende compte de la valeur qu'ils ont aux yeux de leur père : "Il aime donc ses enfants ! C'est bien, je le tiens, j'ai trouvé l'endroit où le blesser." La décision de l'infanticide est ainsi devenue un coup de théâtre.
Les personnages changent vraiment d'une pièce à l'autre. On pourrait dire que ce que Médée a gagné en "virilité", Jason l'a perdu. Dans la pièce d'Euripide, c'est un véritable goujat ; dans celle de Sénèque, on dirait qu'il n'est que l'ombre de lui-même. Même si j'ai préféré la pièce d'Euripide, dans celle de Sénèque, j'ai beaucoup apprécié l'évolution du personnage de Médée, qui commence par dire : "Il me reste Médée", avant de dire : "Je vais l'être", pour au final affirmer : "Maintenant, je suis Médée." En accomplissant le crime ultime, elle devient Médée, un monstre à l'état pur. Toute la pièce de Sénèque est centrée sur cela : la montée de la haine du personnage principal.
Je dois avouer toutefois que si j'ai préféré la pièce d'Euripide à celle de Sénèque, c'est que je l'ai trouvée beaucoup plus dynamique et, paradoxalement, plus moderne. Pour le dynamisme, je pense que c'est lié au fait que celle de Sénèque n'a pas été pensée pour être jouée, comme celle d'Euripide. Les passages du chœur, notamment, sont à mourir d'ennui.
En résumé, si vous ne devez en lire qu'une, lisez plutôt celle d'Euripide, mais celle de Sénèque est également intéressante à lire.
19/20 pour la pièce d'Euripide
+
15/20 pour la pièce de Sénèque
=
17/20
Très bon moment de lecture
J'adore lire des classiques mais je n'ai pas encore eu l'occasion de lire Médée, ton avis donne envie ^^
RépondreSupprimerJe suis contente de t'avoir donné envie ^^
SupprimerJ'ai lu la pièce de Sénéque mais pas d'Euripide. Je me souviens surtout de la force de caractère de Médée. C'est un personnage vraiment fort quand même.
RépondreSupprimerBon et bien il faudrait que je découvre la version d'Euripide alors ^^ En tout cas, j'ignorais que Corneille en avait écrit une version aussi. Il faut que je regarde ça =)
Tiens-moi au courant. :D
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