J'ai lu ce livre dans le cadre du Challenge ABC, du challenge Un genre par mois et du Cluédo littéraire.
Présentation de l'éditeur
Au lendemain de l'attaque de Pearl Harbour, une famille de Berkeley brutalement arrachée à sa demeure est déportée par le FBI à la frontière du désert. Ses origines japonaises suffisent à justifier l'emprisonnement, la peine et l'humiliation. Trois ans auxquels chacun doit survivre, agrippé aux joies passées, pour tenter de se reconstruire dans les ruines de la Seconde Guerre mondiale.
Mon avis
Je ne suis pas très drame, il faut l'avouer, donc je pense être mauvaise juge. J'avais ce livre dans ma PAL car ma mère me l'avait passé pour que je le lise. C'est pour ça que je l'ai mis dans mon Challenge ABC : sans lui, j'aurais eu du mal à m'y mettre véritablement. Ironie de l'histoire, le Cluédo littéraire en a rajouté une couche, avec une des consignes du premier round : lire un drame. Bref, je n'avais plus le choix ! Lorsque j'essaye de rester objective - ma subjectivité me dit juste que j'ai souffert et que je suis sortie déprimée de ma lecture -, je me dis que ce livre n'est vraiment pas dénué de qualités, et que je suis d'accord avec l'avis de Martine Laval, publié dans Télérama : "D'une voix blanche, sans haine ni pathos, délivrée de toute amertume, Julie Otsuka donne chair aux hommes, aux femmes et aux enfants qui ont croisé l'insoutenable." Oui, c'est exactement ça que j'ai ressenti en lisant ce livre, et c'est ce qui fait que j'ai pu l'apprécier d'une certaine façon. Je trouve que les faits parlent d'eux-mêmes, qu'il n'y a pas besoin de faire dans le pathos, et je suis heureuse que l'auteur l'ait parfaitement compris. Même lorsqu'il est question d'une grande violence, d'ailleurs, tout est raconté avec une certaine retenue - et ça glace d'autant plus les sangs, là où le pathos aurait juste agacé. Que ce soit la scène de la mort du chien, l'histoire du badge "Je suis chinois, pas jap" ou encore le moment où la famille rentre enfin chez elle et voit sa maison pillée et ses différents meubles chez leurs voisins : tout est raconté calmement, et le malaise est d'autant mieux ressenti... Seul le dernier chapitre est comme une explosion de colère, et cette explosion prend vraiment aux tripes. Le contraste est saisissant. En conclusion, je pense que si vous aimez les drames, il ne faut pas hésiter à vous pencher sur ce livre, qui vous plaira, j'en suis certaine. Pour ma part, il me faut quelque chose de moins sinistre \o/
Extrait
La nuit, il se réveillait en criant :
- Où je suis ?
Parfois, il sentait une main se poser sur son épaule : c'était sa sœur, qui lui disait qu'il avait fait un mauvais rêve. "Rendors-toi, bébé", chuchotait-elle et il se rendormait. Parfois, personne ne répondait. Parfois, il entendait le vent souffler à travers les buissons d'armoise et il se souvenait alors qu'il était dans le désert, mais sans parvenir à se rappeler depuis combien de temps ou pour quelle raison il s'y trouvait. Parfois, il avait peur d'avoir été envoyé dans cet endroit pour avoir commis une faute horrible, impardonnable. Mais ensuite, quand il tentait de se rappeler ce que pouvait bien être cette horrible et impardonnable faute, aucun acte précis ne lui venait à l'esprit. Cela aurait pu être n'importe quoi. Quelque chose qu'il avait fait la veille - mâchonner la gomme qui couronnait l'extrémité du crayon de sa sœur avant de remettre celui-ci dans le porte-crayon - ou bien quelque chose qu'il avait fait voilà longtemps et qui le rattrapait seulement maintenant. Briser une chaîne de lettres qui avait été lancée à Juneau, en Alaska. Avoir jeté son poisson rouge moribond dans la cuvette des W.-C. et tiré la chasse d'eau alors qu'il n'était pas complètement mort. Avoir oublié de toucher trois fois le porte-chapeaux alors que la camionnette du vendeur de glaces passait devant la maison. Parfois encore, il croyait qu'il était en train de faire un rêve et qu'à son réveil son père était en bas, dans la cuisine, en train de siffloter l'air de Begin the Beguine entre ses dents tout en préparant le petit déjeuner dans la poêle. "Et un sandwich aux œufs pour le champion, un !" lançait alors son père.
14/20
Bon moment de lecture
Je ne connaissais pas celui ci de l'auteur ! Mais pour le coup je le rentre dans ma WL ^^ C'est cool les challenges car ils nous font lire des livres qui prennent la poussière (enfin perso c'est pour cette raison que j'aime beaucoup l'ABC !)
RépondreSupprimerOui, exactement ; d'autant que je suis du genre à laisser facilement trainer les livres, même s'ils me font envie. J'ai besoin de quelque chose pour me motiver lol C'est pour ça que, même si je ne me sentais pas d'attaque pour un full challenge ABC, je voulais au moins en faire un demi.
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