°C-ute Canapé

samedi 10 mai 2014

"Madame Pamplemousse", tomes 1, 2 et 3, de Rupert Kingfisher


J'ai lu les trois tomes de cette série de livres jeunesse dans le cadre du Cluedo littéraire.

Résumé du premier tome
Comme chaque été, Madeleine est forcée de travailler dans l'immonde restaurant, Le Cochon hurleur, de son détestable oncle, monsieur Lard.
Mais un jour elle découvre par hasard l'épicerie la plus mystérieuse de Paris.
La boutique est tenue par madame Pamplemousse, et cette dame prépare les plus étranges, les plus délectables, les plus exceptionnels, les plus époustouflants délices au monde...

Mon avis sur la série en général
Séduite par la couverture du premier tome, mais également par la chronique d'Alison Mossharty, j'ai voulu me lancer dans cette série. Par chance, ma médiathèque disposait de tous les tomes. J'ai bien fait d'en profiter, car ce fut une merveilleuse rencontre livresque.
Madame Pamplemousse est un conte moderne, destiné en principe aux enfants, mais qui concrètement peut plaire à tout le monde. En effet, Madame Pamplemousse réveille l'enfant qui sommeille en chaque adulte ouvrant ses différents tomes, notamment grâce à ses jolis dessins, dont les couvertures vous donnent déjà un aperçu, grâce à une langue parfaitement maîtrisée et grâce au fait que le texte est loin d'être niais.
On retrouve le merveilleux propre au conte : un chat humanisé, des mets trop extraordinaires pour exister dans la réalité ou encore un voyage dans le temps grâce à une tasse de café. De plus, les personnages sont affublés de noms ayant tous un rapport avec la nourriture : Madeleine, Mme Pamplemousse, monsieur Lard, Camembert, Mme Bonbon, M. Langoustine,... Ce conte a toutefois un cadre quelque peu réaliste, puisqu'il s'agit de la ville de Paris.
Mais ce qui me fait dire que le texte est loin d'être niais, c'est qu'à l'instar de contes traditionnels, l'univers présenté est loin d'être rose. Au-delà d'un aspect faussement naïf, l'auteur nous parle de la difficulté des rapports familiaux. Madeleine est une gamine dont les parents n'hésitent pas à se débarrasser ; la trouvant encombrante, ils l'abandonnent chaque été à un oncle tyrannique, n'hésitant pas à l'exploiter dans son restaurant et à lui faire faire des choses illégales, jusqu'à ce que, finalement, les dits parents se décident à vendre leur propre enfant. L'exploitation des enfants et la maltraitance sont vraiment des thèmes récurrents dans cette série.
L'auteur ne s'arrête pas là, et s'attaque à la société en général. Il évoque la dictature du capitalisme, destructeur de la beauté, du bonheur et de la liberté, jusqu'à l'absurde. Il évoque un monde fliqué avec des caméras de surveillance présentes partout, "y compris sur la tour Eiffel", où la police secrète est caractérisée par des "têtes de truands endurcis" et où le gouvernement souhaite mettre la main sur "le plus-fabuleux-délice-du-monde" pour contrôler la population. Il oppose la froide logique à l'imagination, au profit de cette dernière. Il aborde la question de la dictature de la modernité, évoquant le manque de modestie de nos contemporains, qui s'imaginent être absolument meilleurs que les Anciens, parce qu'ils estiment que la modernité se caractérise par un progrès dans tous les domaines. Enfin, la question du harcèlement à l'école, et plus largement celle de la cruauté des enfants, trouvent également leur place dans la série des Madame Pamplemousse. En somme, autant de thèmes qui n'ont rien d'enfantin, et je dirai qu'entre le tome 1 et le tome 2, on glisse finalement de plus en plus du conte moderne vers le conte philosophique.
Je finirai mes propos en soulignant que, contrairement aux contes traditionnels, la beauté physique et la beauté morale ne sont pas associées. Dans le tome 2, il est question d'"une jeune femme avec de très beaux cheveux et de très belles dents", qui est aussi l'incarnation de la cruauté. Dans le tome 3, le narrateur nous dit que "les fillettes les plus charmantes en apparence peuvent être d'une cruauté extrême".
Que retenir de tout cela ? Qu'à la manière d'auteurs, devenus classiques aujourd'hui, Rupert Kingfsher nous offre un conte ayant deux niveaux de lecture. Certes, en apparence, Madame Pamplemousse s'adresse aux enfants, mais les adultes y trouvent finalement aussi leur compte, et tout ne sera peut-être pas saisi par les plus jeunes. Cette série est à la fois une invitation au rêve, qui laisse les adultes redevenir des enfants, mais elle est aussi une invitation à la réflexion sur la société d'aujourd'hui, et sur ses possibles dérives.
PS : mention spéciale à la référence très claire à la madeleine de Proust, dans le second tome. x)

Quelques images

La couverture du tome 2

La couverture du tome 3

Illustration

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20/20
Coup de cœur !

4 commentaires:

  1. Merci pour ta belle chronique ! ^^ Je ne pense pas avoir vu celle d'Alison sinon il aurait rejoint ma WL depuis longtemps, haha. Je suis contente de savoir enfin de quoi il s'agit ! Du coup, j'ai très très envie de le lire maintenant.

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  2. J'aime beaucoup ta chronique : tu me donnes vraiment envie de lire la suite ! Et je trouve ça très intéressant ce que tu dis (écrit :D) sur les différents niveaux de lectures c'est la force de certains contes, de n'être pas si enfantin que ça au final !
    Bon bah je sais ce qui me reste à faire maintenant XD

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    1. Merci ! :D Ravie de t'avoir donné envie de lire la suite. ^_^

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